Qu’est-ce que la danse orientale Tribal Fusion ?

Merci à Elisa LHORTOLAT, professeure de danse orientale et Tribal Fusion, de nous renseigner sur les origines, fondements et caractéristiques de la danse orientale Tribal Fusion.

Comment est née la danse orientale tribale ?

La danse orientale tribale ("tribal bellydance") est née aux Etats-Unis d'après l'initiative de Jamila Salimpour, une professeure de danse orientale qui a proposé la première forme de "tribal bellydance" lors du festival "Renaissance Pleasure Faire", un festival sur le thème du Moyen-Âge. Sa compagnie, "Bal Anat" va rassembler des interprètes de tout bord : danseurs, acteurs, artistes de cirque, tous aux profils artistiques multiples. Le dépliant promotionnel de la compagnie faisait mention d’une troupe de danse venue de "différentes tribus". C'est cette expression qui a inspiré le nom de "tribal style". Jamila Salimpour a formé de nombreuses danseuses qui ont à leur tour transmis cette nouvelle façon de concevoir la danse orientale, se voulant le plus proche possible d’une danse orientale pré-coloniale.
La personne qui a insufflé une nouvelle dimension à cette nouvelle pratique est ensuite Carolena Nerricio qui, dans les 1980, crée la compagnie "Fatchance Bellydance" et le format "American Tribal Style" (ATS®), un format de semi-improvisation codifié.
Ce sera ensuite Jill Parker, danseuse des "Fatchance Bellydance" qui posera la première pierre de ce que l’on appelle Tribal Fusion. Jill Parker voulait pouvoir créer de nouveaux mouvements et danser sans se sentir obligée de correspondre au format ATS® tel qu'il a été pensé par Carolena Nericcio, mais tout en conservant l’esprit de cette danse et ses caractéristiques.

Qu’est ce qui caractérise la danse tribale fusion ?

Les caractéristiques du tribal fusion découlent avant tout des caractéristiques de l'ATS® puisque l'un nait de l'autre. L'ATS® s'inspire de la danse orientale bien sûr, mais également de la danse indienne et du flamenco gypsy. La posture en ATS® est très importante : les genoux sont fléchis, le bassin est tenu grâce à une légère rétroversion, le buste est allongé, la cage thoracique est ouverte. Cette posture fait aussi partie du tribal fusion. Certains mouvements et leur appellation proviennent aussi de l'ATS® : taxeem, egyptian, maya et d'autres.
Les caractéristiques techniques du tribal fusion sont surtout liées aux superpositions de mouvements grâce à des isolations très fines des différents groupes musculaires. Le tribal fusion demande une maitrise anatomique, presque somatique.
Mais l'avantage du tribal fusion c'est surtout la liberté qu'il implique : liberté de mouvements, liberté dans le choix des musiques, liberté dans les choix des costumes. Bien sûr, de grands noms du tribal fusion, notamment Rachel Brice, ont su imposer un esthétique. Mais aujourd'hui, parler d'un tribal fusion unique serait réducteur.

Quels sont les différents styles tribaux ? Pouvez-vous nous expliquer les particularités propres à chacun d’entre-eux ?

Il y a autant de styles de tribal fusion que de professeurs de tribal fusion. Le format "Datura" créé par Rachel Brice et le "Dance Craft" de Zoé Jakes sont aujourd'hui parfois classés dans la catégorie du "vintage tribal fusion", qui concorde avec la façon de danser des pionnières du style.
De grandes thématiques sont souvent reprises par les danseurs de tribal fusion : un tribal fusion burlesque qui utilisent les musiques et attitudes des pin-up américaines, un dark tribal fusion très emprunt de l'esthétique gothique, un tribal fusion plus urbain avec un univers hip-hop. Mais il y a tellement de possibilités que catégoriser ce style de danse serait perdre une certaine richesse qui lui est propre.

A quel public de danseuses/danseuses orientales s’adresse le style tribal fusion ?

Le tribal fusion séduit par ce côté "charmeur de serpent" très caractéristique du style. Les isolations et superpositions de mouvements demandent une maitrise technique qui donne envie d'en apprendre toujours plus.
La richesse de ces univers permet aux danseuses orientales mais aussi aux danseurs en général de pouvoir exprimer leur créativité sur d'autres styles de musiques. Il faut aussi s'enlever de la tête le cliché selon lequel le tribal fusion est un univers seulement "dark" où il est interdit de sourire.

Quelle est l’évolution de la danse tribale fusion au cours des dernières années ?

Le tribal fusion a été découvert en France grâce à la compagnie américaine Bellydance Superstar. Aujourd'hui, c'est une danse qui commence à trouver son public et fait de plus en plus d'adeptes, même du côté des hommes. Pour exemple, j’ai commencé à enseigner le tribal fusion à Nice en 2013 où j’avais 3 élèves. Aujourd’hui en 2019, je compte presque 40 élèves dans mes 4 groupes de tribal fusion, dont un homme.

Qu’est-ce qui vous passionne tant dans la danse orientale d’une part et dans le tribal fusion d’autre part ?

Je n'ai jamais pu choisir entre les deux disciplines car les deux m'apportent énormément sur le plan artistique et humain. Malgré tout, même dans la danse orientale j'aime le côté fusion et je suis d'ailleurs plus proche d'une danse orientale moderne et fusion que d'une danse orientale "sharki" traditionnelle. Les fusions tango, samba, tahitienne, les baladi argentins, c'est ce que j'aime et enseigne.
Dans le tribal fusion, j'aime la liberté de pouvoir créer sur n'importe quelle musique. J’aime aussi le défi qu’il peut y avoir dans le travail du tribal fusion et qui demande de travailler encore et encore.

Quel est votre parcours dans l’univers de la danse ?

Je fête cette année ma 10ème rentrée scolaire. J’ai créé Kahina oriental & fusion en 2012 et depuis, mon association n’a cessé d’évoluer, toujours portée par des femmes, des âmes magnifiques. Nous avons ouvert Studio K, notre école de danse pluridisciplinaire en 2018 à Nice et nous comptons aujourd’hui une centaine d’élèves dont 2 hommes qui pratiquent le tribal fusion, la danse orientale et l’ATS®.
En parallèle, je poursuis un travail de thèse dans la section « Danse » de l’université Nice Sophia Antipolis. Ma thèse devrait être soutenue à la fin de l’année 2019, début d’année 2020 et porte sur le thème du genre dans les danses orientales et American Tribal.

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